Avoir la foi au XXIe siècle

Publié le 21 novembre 2024 à 14:52

Je commencerai par citer Luther. Il disait « C’est à chacun de décider selon sa conscience, comment croire ou ne pas croire, sans causer par là aucun tort au pouvoir temporel . Ce dernier doit s’en contenter ». Il ajoute un peu plus loin « La foi est une œuvre libre et on ne peut y forcer personne. »

Essayons de définir ce que n’est pas la foi.
Il est nécessaire de faire avant tout la différence entre la foi et la croyance. Les religions ont tendance à décréter ce que de leur point de vue, il convient de croire ou de ne pas croire. Elles s’efforcent de définir leurs dogmes, leurs certitudes. Le christianisme s’est soucié par exemple de tenter de définir la vérité de la nature du Christ. Il a tenté de dire comment Jésus Christ pouvait être à la fois homme véritable en même temps que fils de Dieu. Après avoir résolu le problème par le dogme de la trinité l’on s’est demandé si Dieu était vraiment tout puissant? Mais si c’était le cas, pourquoi tolérait-t-il le mal ? Dieu a-t-il vraiment voulu que Jésus meure dans d’atroces souffrances sur la croix pour payer le prix des péchés de l’humanité ?
Les réponses à ce genre de questions varient selon l’époque. Les façons de dire ce-en quoi on croyait a évolué au fil des siècles. Celui qui prétend dire qui est vraiment Dieu ne peut en fait que dire : Voilà ce qu’est Dieu pour moi. Ce n’est pas Dieu en vérité. C’est juste mon idée de Dieu.

Faut-il donc considérer que les dogmes, les professions de foi sont inutiles ? Non car il est utile pour la communauté de dire en son temps ce en quoi elle croit et ce qu’elle met derrière les mots. Cela sécurise. Cela rassure en créant une solidarité quand la formulation est partagée. Mais de là à dire que ce sont là des vérités révélées par Dieu lui-même, il y a un grand pas que franchissent malheureusement au nom de leurs croyances des hommes qui s’entretuent encore aujourd’hui pour imposer aux autres leur façon de croire. Ils ont naïvement pris pour vérité révélée ce que les hommes du culte leur ont enseigné.

Pour moi, la croyance n’a absolument rien à voir avec la foi. La foi est un sentiment qui vient du cœur et non du cerveau. Quand quelqu’un tombe amoureux, il est habité par une joie intérieure, et il ne fait pas un discours intellectuel pour expliquer ce qu’il ressent. Il ferait plutôt un poème.
Si l’amour entre deux êtres est réciproque, alors le sentiment de confiance s’ajoute à l’émotion. Et bien la foi ressemble à cette expérience vécue dans l’intimité, de façon subjective.
Cela voudrait-il dire que la foi relève d’une expérience subjective et non pas d’une affirmation intellectuelle, d’un dogme par exemple élaboré par l’Église ? Je le pense.

Presque tout le monde a une idée en tête. Cette idée c’est de trouver ce qui donne un sens à la vie. Tillich parle de la préoccupation ultime, de ce pour quoi on déploie toute son énergie. Et de ce point de vue, on peut dire que tout le monde a la foi en une sorte de dieu. Pas de n’importe quel Dieu. Pour l’un, son dieu est de gagner beaucoup d’argent. L’argent est devenu le dieu auquel il consacre tous ses efforts. C’est sa sécurité. Peut être aussi que son moteur est plutôt la soif de considération. Pour un autre, ce qui peut donner sens à sa vie, c’est de la réussir en faisant carrière dans un métier qui lui plait et de fonder une famille. Son dieu est alors sa place dans la société et l’idée que telle est sa vocation. Pour un autre encore ce qui donne sens à sa vie c’est d’être reconnu, à la télé ou sur face book. C’est de devenir quelqu’un dont tout le monde parle.  Le dieu auquel il croit est alors l’image qu’il  veut donner à voir, ou qu’il espère donner à voir. Le culte qu’ils célèbrent les uns les autres est aujourd’hui le culte de la performance pour atteindre leur but. Leurs dieux sont des idoles.

Pour moi avoir la foi c’est faire confiance en Dieu tel que Jésus Christ en a parlé. C’est penser qu’’il me soutient dans l’épreuve. Je suis alors comme un funambule qui s’élance sur un fil tendu des deux côtés d’un précipice. Le balancier qui me permet de garder l’équilibre, c’est la communauté à laquelle j’appartiens, et parfois les personnes que je rencontre. Il y a bien des moments où je perds confiance, où je manque de foi, des moments pendant lesquels je doute. Mais j’espère et j’avance, sinon je tomberai. Et la confiance en Dieu et en moi revient. Grâce à cette présence, je sais enfin qui je suis. Et je reprends confiance en Dieu, en moi, en la vie. 

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